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Mémoires D’Outre-Jeunesse

Par Edmée Vuilleumier

 

Etant née à Vallorbe (Vaud), ce n’est que depuis l’âge de 18 ans que j’ai appris à connaître Genève. De part mes études de nurse au Préventorium de la Chapelle à Carouge, j’ai commencé à rayonner dans la ville mes jours de congés avec des amis.


Ensuite, après 18 mois : stage de 1 mois à la rue Henry Mussard, chez un juge de paix pour un premier enfant ; puis études finies, je suis allée dans plusieurs familles genevoises pour soigner des enfants de tous âges et ceci dans différents quartiers de la ville : à nouveau chez le juge Maître Pasquier, cette fois chemin des Cottages pour un deuxième enfant et soigner Monsieur. Puis deux fois chez le Docteur Hugo Oltramar. Deux très bonnes familles !


Puis au plateau de Champel dans deux familles différentes. Rue Sénelier, trois fois cher le Docteur J.Magnin, dentiste, une famille très sympathique (et où j’ai eu le bonheur de connaître mon mari qui travaillait avec le Docteur). Rue des Granges, chez les grands-parents d’un bébé ayant de l’eczéma. J’y ai passé le Nouvel-An, seule, avec une petite… toute petite… tarte.


Restée un mois là, je suis partie pour Valeyre-sous-Rances dans la même famille, avec en plus leur fille qui avait trois enfants. Ce fût très dur : habitant l’annexe, je devais aller chercher l’eau chaude avec des seaux dans la maison-mère et les transporter dans la baignoire par une grande rampe d’escaliers. Les enfants : très pénibles.


Nous prenions les repas à la grande maison. Si j’étais à table, on parlait anglais devant moi et si j’étais avec la cuisinière et la femme de chambre à la cuisine ( ce que je préférais de beaucoup ), nous avions la 3ème coulée du café, ou du tilleul pour tout petit-déjeuner !


Contente de ne pas devoir rester trop longtemps ! ( Le fils est devenu un grand médecin au HUG ! ).


Rue Adrien-Lachenal dans une charmante famille pour deux filles adorables et avec qui je suis restée très amie.


Avenue de France : la pire expérience. Toutes les portes de l’appartement fermées à clé ; lorsque je sortais avec le bébé, la fille aînée (5 ans) m’accompagnait et la mère lui disait : « tu surveilleras Mademoiselle ». Lorsqu’ils sortaient le soir, Madame me disait : si vous avez faim, il y a un œuf dans le frigo !!! La lessive-layette se faisait au savon noir et je dormais sur un matelas enfoncé !


Une très bonne place à Pregny chez le ministre du Mexique qui avait adopté deux enfants après la guerre civile d’Espagne. Ils avaient 8 et 2 ans. Le petit m’appelait : maman.


Je suis restée 8 mois et malheureusement la guerre a été déclarée. Nous étions les derniers à passer la frontière venant de l’école hôtelière de Thonon. La famille repartait par la suite au Mexique et voulait m’emmener avec elle. Mes parents, vu la situation, n’ont pas voulu que je parte. Séparation très triste, le petit ne me lâchait pas et criait : maman, maman, en me serrant par le cou. Inutile de dire dans quel état j’étais !


Puis pour terminer je suis allée à la route Florissant, pour soigner trois enfants ; très bonne place aussi. Après avoir soigné 56 enfants en privé, je me suis mariée et depuis j’ai toujours habité les Eaux-Vives : 17 ans avenue du 31 décembre et depuis 45 ans, je suis à l’avenue Pictet de Rochemont (hélas seule depuis 7 ans et demi). Quartier ou je me plais beaucoup : très vite en ville, près du lac et des Parcs, endroit que je ne pourrai pas quitter et j’espère y rester jusqu’à la fin de mes jours.

 


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